Pollution de l’air : le port du masque est-il la solution ?

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Bien que moins exposés à d'autres polluants comme le dioxyde d'azote, les cyclistes absorberaient quatre à neuf fois plus de particules fines que les automobilistes, selon la Belgian Science Policy (2011). Pas de panique pourtant, "il y a plus de bienfaits à faire du vélo, même dans des conditions polluées, qu'à rester sédentaire", explique le docteur Patrick Le May, médecin au CIAMT (Service de santé au travail). Néanmoins, face à ce constat, le masque antipollution est-il la panacée ?

Efficace ?

Prendre l’air et tout ce qui va avec (dioxyde de soufre, gaz carbonique, particules de diesel), tel est le credo du cycliste quotidien… ou plutôt sa réalité. Pour contrer ce fait et diminuer les risques respiratoires ou cardiaques, certains cyclistes optent pour le port du masque antipollution.

Constitués de filtres au charbon actif ou électrostatiques (de meilleure efficacité), ces masques protègent contre certains allergènes, polluants et bien des odeurs désagréables. Il est en effet déjà démontré que le simple port d’un tissu devant le bas de son visage peut diminuer jusqu’à 20 % l’absorption de particules de poussière de trois microns de diamètre.

Cependant, « il ne faut pas se leurrer, leur action est toute relative », déclarait, en 2003, celle qui était alors responsable du congrès Velo-city, Isabelle Lesens. Aucune étude digne de ce nom n’a encore prouvé l’efficacité de ces masques contre l’absorption des particules fines et ultra-fines, le problème numéro un en matière de santé. Même les masques portés par les cyclistes de l’équipe olympique américaine lors des J.O. de Pékin en 2008 n’ont pas prouvé leur efficacité concernant une diminution de l’absorption de particules ultra-fines. « En vérité, le masque antipollution protège plus des odeurs que des microparticules de diesel », confiait Gilles Faravel de chez Res-pro.

Outre cette inefficacité face aux particules les plus dangereuses, le port de ce masque occasionne une gène respiratoire. L’usager doit respirer plus profondément et absorbe davantage de particules…

Qui plus est, arborer cet accessoire véhicule une image négative de la mobilité cycliste et renvoie à une pratique dangereuse. Pour Luc Goffinet, chargé politique Wallonie pour le GRACQ asbl (Groupe de Recherches et d’Actions des Cyclistes au Quotidien), « le débat sur le port du masque est un faux débat, car le problème est bien la qualité de l’air. C’est donc au niveau des politiques environnementales et de mobilité qu’il faut agir« .

Des solutions alternatives

Plusieurs solutions s’offrent au cycliste pour respirer un air plus pur. Rouler calmement et adapter son itinéraire en font partie.

Rouler calmement

« Il y a plus de bienfaits à faire du vélo, même dans des conditions polluées, qu’à rester sédentaire », explique le docteur Patrick Le May, médecin au CIAMT (Service de santé au travail). « Cela développe les capacités cardiaques, respiratoires, et musculaires. » Pas de panique donc. En outre, de nombreuses astuces permettent de limiter les effets de la pollution de l’air sur notre santé : pédaler tranquillement afin d’éviter l’hyperventilation et inspirer par le nez (dont les muqueuses jouent un rôle de filtre).

Adapter son itinéraire

Les cyclistes et les automobilistes sont soumis au même taux de pollution. Si les premiers sont désavantagés en ce qui concerne l’inhalation de particules, c’est parce qu’ils respirent plus vite et plus profondément dans le trafic. Plusieurs études ont prouvé qu’emprunter les aménagements prévus pour cyclistes, et donc à l’écart de la circulation, permet de diminuer le taux de particules inhalées (Science for Environment Policy, 2014). Une carte précise de la qualité de l’air à Anvers a même été conçue : des chercheurs ont parcouru la ville et ont analysé le taux de particules fines à différents endroits.

L’effet bénéfique de l’éloignement du flux d’automobiles se ressent déjà sur les aménagements cyclables (dans l’ordre de préférence : pistes cyclables, bandes bus/taxis, marquages au sol). Une étude menée par Airparif, datant de 2009, démontre qu’en moyenne, l’exposition à la pollution est deux fois moins élevée pour le cycliste sur une piste séparée que dans la circulation automobile et 30 % moins élevée dans les couloirs de bus.

L’itinéraire le plus confortable, bien que parfois plus long, reste l’emprunt des voies vertes et RAVeL.

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