Le vélo, un moyen d’émancipation pour les femmes ?

  • Société et lifestyle

Les femmes sont moins nombreuses à se déplacer à vélo dans la capitale. En 2019, 63,9 % des cyclistes étaient des hommes contre seulement 36,1 % de femmes. Ce sont les résultats de l’Observatoire du vélo mené en Région Bruxelles-Capitale par Pro Velo. Pourtant, l’histoire a bel et bien démontré que le deux-roues a offert aux femmes une certaine liberté et émancipation. En effet, le vélo a connu et connait encore son ère de gloire auprès du genre féminin.

Dans l’étude « « Être femme et cycliste dans les rues de Bruxelles »»  menée en 2019 auprès de plus de 1 200 femmes, nous évoquons plusieurs freins que rencontrent les femmes quand il s’agit de se mettre « en selle ». La distance de déplacement trop longue, le transport d’enfants ou de charges, la météo, le relief ou encore la tenue vestimentaire sont les premiers obstacles mis en avant par les répondantes.

4 facteurs clés

L’analyse va même plus loin et met en avant 4 facteurs clés qui entravent ou facilitent l’utilisation du vélo par les femmes :

  1. L’influence des relations sociales : le positionnement de la femme dans une société ou la représentation du cyclisme est essentiellement masculine, ainsi que le choix de l’habillement pour se déplacer en deux roues.
  2. Le partage genré des responsabilités ménagères et familiales : une tendance des femmes à effectuer plus de déplacements que les hommes pour accomplir les tâches ménagères et familiales.
  3. L’insécurité routière et le sentiment d’insécurité :  une perception plus accrue par les femmes des risques et des dangers potentiels liés à la pratique du vélo dans un environnement urbain. Celles-ci auraient plus tendance à user de prudence lors de leurs déplacements dans les espaces publics. 
  4. Le rapport des femmes à l’environnement et à la notion du « care » : une disposition des femmes à se diriger plus naturellement vers des choix sains et en accord avec la nature.

Malgré ces différents questionnements, le vélo est un moyen de déplacement qui a permis aux femmes de nombreuses évolutions sociétales. Une bataille que l’on pourrait presque considérer comme une conquête de la mobilité.

Dès son apparition, la pratique du vélo par les femmes était jugée inappropriée car elle représentait un symbole de liberté et d’émancipation. Cela n’a pourtant pas empêché plusieurs d’entre elles de s’approprier le droit de pédaler ! En effet, c’est au travers du temps que les femmes ont pu s’imposer dans l’univers du cyclisme, à l’époque considéré comme un univers « masculin ».

Les avantages du vélo pour les femmes au fil des années 

L’habillement 

Au début de l’ère cycliste, les femmes portaient des pantalons bouffants, appelés « bloomers » lorsqu’elles se déplaçaient à vélo. Au fil du temps, les jupes se raccourcissent et la dimension de l’habillement s’assouplit. Aujourd’hui, une femme aura tendance à porter des habits de « tous les jours » en prévoyant, quand c’est nécessaire, une veste ou un pantalon de pluie. 

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Une liberté de mouvement 

Le vélo fut pour les femmes une manière de se déplacer plus rapidement et plus loin grâce à un moyen de locomotion démocratique et accessible. Très souvent, pendant la Seconde Guerre mondiale, les femmes étaient chargées d’assurer le lien entre les différents groupes de résistance ou les maquis, entre un réseau et un état-major. Le plus souvent, elles transportaient les messages à vélo. À l’époque – et encore actuellement dans certains pays – cela leur permettait, par exemple, de se rendre plus facilement dans les villages limitrophes. Ces voyages effrayaient les maris et pères qui perdaient un certain contrôle sur les femmes de leurs familles.

Heureusement aujourd’hui, la femme peut profiter pleinement des avantages liés à l’utilisation du vélo en milieu urbain et se rendre rapidement où elle le désire. Il existe cependant encore certains pays où la pratique du vélo par les femmes reste compliquée.

La représentation du genre féminin 

Au 19ème siècle en Angleterre, l’opinion publique défendait que le vélo était mauvais pour la santé, le moral et la réputation des femmes. « Pédaler, n’est pas féminin » clamaient les experts médicaux de l’époque… Les scientifiques pensaient que la bicyclette représentait un danger pour leurs organes reproducteurs ou pour leur sexualité. On disait alors que le frottement sur la selle pouvait entraîner un plaisir sexuel. 

A l’heure actuelle, dans nos sociétés occidentales, plus de femmes assument leur genre lorsqu’elle se déplacent à vélo. Le cyclisme au féminin prend sa place et il existe des associations féministes, telle que Déchainé.es qui lutte pour l’usage du vélo comme outil d’émancipation et de lutte collective. Pour a campagne En selle ! de Pro Velo, plusieurs femmes se sont livrées et témoignent sur leur expérience à vélo.

Je regarde les témoignages de femmes cyclistes

En deux siècles, il y a donc eu de nombreuses améliorations. Et c’est tant mieux ! Le droit de pédaler a permis aux femmes de s’émanciper. Grâce au vélo, elle peut se rendre où elle veut, quand elle veut et avec qui elle veut. Qui aurait pu croire que deux roues et un guidon puissent ouvrir tant de nouveaux horizons ?