Le féminisme à deux roues

  • Société et lifestyle

Des États-Unis à l’Égypte, en passant par Bruxelles, les initiatives comme les masses critiques et les ateliers de réparation à mixité choisie se multiplient. La bicyclette est le nouvel étendard féministe. [8.03.2021]

Un 8 mars avec les Déchainé·es

À l’occasion de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes, les Déchainé·es organisent une parade cycliste (une « ride ») dans la rue. Ce collectif bruxellois, féministe et indépendant, a choisi le vélo comme outil d’émancipation et de lutte collective. Afin de lutter contre les logiques de domination et la violence quotidienne subies dans l’espace public, ces « rides » visent à prendre possession de l’espace public en mixité choisie (sans hommes cisgenre).

Parce que l’espace public est un espace oppressif, conçu par et pour ceux qui l’occupent et y dominent. […] Parce que nous avons la force de lutter : nos vélos, nos voix, nos pancartes, notre solidarité et notre sororité sont nos armes ! […]

Autonomie et cambouis

Les Déchainé·es ont aussi mis en place des ateliers mécaniques en non-mixité à l’Ades’if à Saint Josse. L’Ades’if est un espace auto-géré d’activités culturelles, d’émancipation collective, de promotion d’alternatives et d’expérimentation.

Notre vélo est un outil d’émancipation, on est cyclistes au quotidien. C’est un gros problème de ne pas pouvoir gérer nos vélos toutes seules. […]

C’est également le cas de Pro Velo qui organise des formations mécaniques par une femme pour les femmes. D’autres ateliers sont aussi donnés par des mécaniciens à destination d’un public exclusivement féminin. L’occasion pour beaucoup d’entre elles de s’initier à l’entretien et à la réparation du vélo. L’enjeu est de construire une dynamique collective qui permette de faire évoluer les rapports de force au sein des ateliers, sur les questions de sexisme notamment.

À l’international : le vélo, l’outil par excellence des féministes

Le vélo demeure un combat de tous les jours pour beaucoup de femmes. Loin d’accepter passivement ce constat, et parce que le nombre fait leur force, l’Ovarian Psycos Cycle Brigade déambule à vélo dans les rues de Los Angeles à chaque pleine lune. Ce groupe de femmes racisées américaines revendique une plus grande autonomie des femmes immigrées et se battent contre le harcèlement dans certains quartiers de la ville. Durant ces rides, les participantes dialoguent entre elles, échangent, s’éduquent et se soutiennent.

En Égypte, les militantes du Bel Bicycle enfourchent leur vélo pour lutter contre les préjugés sur les femmes à vélo. Pour encourager les jeunes filles à la pratique du vélo, l’association leur propose de participer à des maraudes et distributions alimentaires à vélo pour les habitants les plus démunis du Caire. Le vélo est l’occasion de faire évoluer les mentalités et participe à l’émancipation des femmes égyptiennes.

Les femmes enfourchent leur vélo, bravent les autorités morales ou religieuses, et font, à chaque coup de pédale, un peu plus tomber les barrières des inégalités.